Que vous soyez un débutant qui découvre l’airsoft, ou un joueur averti qui baigne dans le milieu depuis de nombreuses années, force est de constater que l’airsoft est une activité légèrement à part : une législation en pleine évolution, une méconnaissance de l’activité de la part du grand publique, un cadre de jeu parfois discutable, etc. Et pourtant il s’agit bien là d’un loisir un plein boom qui séduit de plus en plus !
De mon côté, en tant que joueur, organisateur professionnel et blogger je constate au fil des ans que cette activité est perçue et pratiquée de façon bien différente part les joueurs. En découlent quelques quiproquos, mésententes, propos et comportement absurdes qui finissent par ternir l’image de cette activité et notre plaisir durant les parties en fonction des zozios que nous avons face à nous.
Les sources du “problème” ? Des fantasmes énormes, des frontières floues et parfois faussées entre le monde opérationnel (militaire, force de l’ordre, etc), le RD et le RS (*voir définitions ci-dessous), les films, les jeux vidéos, le manque de formation et d’encadrement, et j’en passe et des meilleurs.
* Définitions:
RD : abréviation de “Real Deal” (vraie dotation), qui désigne le matériel réellement utilisé par des soldats ou des forces de l’ordre en opération. Se dit d’une pièce d’habillement ou de matériel, mais aussi d’une façon de porter et d’utiliser cette pièce. Par exemple, “Mon sac à dos est RD” signifie que ce modèle exact de sac à dos est ou a été réellement utilisé au combat. Ce à quoi l’interlocuteur peut répondre “Oui, mais la façon dont tu le portes, ce n’est pas RD“, ce qui signifie que ce sac n’est pas porté ou utilisé de la façon dont le fait un militaire (ou un policier..) en opération.
RS : abréviation de “Real Steel” (et non pas Real Style), littéralement “vrai acier”. S’utilise pour désigner un accessoire ou une partie d’une réplique provenant ou utilisé sur une vraie arme, par exemple une crosse, un corps, une optique de visée. Par exemple, “Le bois de mon AK, c’est du RS“, signifie que les bois de la réplique d’AK du joueur proviennent d’une véritable Kalachnikov. “RS” désigne en fait de manière généralement le matériel authentique (hors tenues), opposé aux “repros” (reproductions). Cette abréviation est parfois abusivement employée au lieu de “RD”.
Source : Wikipédia
Voici pourquoi je vais tenter une petite mise au point et vous présenter les différences les plus notables entre l’airsoft et le monde opérationnel.

La prise de risque et la réaction face au danger
Le premier point à prendre en compte : c’est le risque. Les opérationnels utilisent des armes létales. En airsoft c’est des billes de 6mm. Forcément, quand tu risques de mourir tu fais un petit peu plus attention, tu es parfois plus hésitant, et donc tu joues la sécurité au maximum. En airsoft, la seul chose que tu risques c’est un micro bleu et de faire un aller retour au Respawn. Du coup tu te permets d’aller chatouiller l’adversaire et de t’exposer, parfois bêtement, parfois très très bêtement 🙂
Du coup l’adversaire ne réagit pas de la même façon. Le comportement est totalement différent et entraîne bien souvent une prise de risque maximum (voir stupide ou inconsciente) de la part des airsofteurs. L’un dans l’autre ça peut être perçu comme un avantage puisque cela permet de multiplier les affrontements et les échanges de tirs. La seule façon de contrer cet effet “Kamikaze” est d’être excessivement agressif et stressant au contact afin d’accentuer cet aspect “danger”.
Pour se faire je vous invite à lire ou relire ces 2 articles sur le sujet :

Les distances d’engagement
Autre point différenciant que l’on constate très très rapidement, c’est la différence au niveau des distances de tir qui modifie totalement le combat. En effet, les armes peuvent toucher une cible à plusieurs centaines de mètres, une réplique non ; sauf dans les fêtes foraines ou visiblement elles peuvent tirer jusqu’à 200 mètres 😉
Par exemple, il y a encore quelques années, dans l’armée française les groupes de combat d’infanterie étaient organisés selon les distances d’engagement avec des groupes de 300 et 600 mètres.
En airsoft, on est plus sur du 10 à 60 mètres. Ce n’est pas là même chose du tout !! Cette variable change énormément de choses puisque les joueurs doivent s’approcher au maximum de l’adversaire pour espérer le toucher. L’airsoft c’est un sport de contact à très courte distance alors que les opérationnels cherchent à engager l’ennemi à distance afin de limiter les risques.
Et pour surprendre l’adversaire et limiter votre exposition, une solution : l’embuscade !

La gestion de l’effort et la fatigue
Une partie d’airsoft s’inscrit dans un cadre temporel et géographique déterminé et structuré : une partie sur une ou deux journées et sur un terrain délimité. Je ne parle pas des petites pauses qui vont bien, le camion burger ou la livraison de pizza, la tente 9 places avec le chauffage, le téléphone, Facebook et Youporn.. (tout ça c’est du vécu me dites pas que ça n’existe pas bande de menteurs !)
Tout ça pour dire que la gestion de l’effort et de la fatigue est bien moindre que celle des opérationnels soumis à des phases d’efforts et de stress bien plus poussés, tant sur la durée que vis à vis de l’espace.
Évidemment une bonne partie, ou une bonne Opé, demandent une condition physique correcte. Néanmoins soyons honnête : l’intensité reste moindre que sur un théâtre d’opération ou même un entraînement mili basique. L’environnement et les conditions ne poussent pas les joueurs dans leurs retranchement (mentale et physique), et la possibilité de s’extraire du jeu est toujours possible afin de se reposer. Alors que cet aspect influe beaucoup, notamment sur l’aspect immersif du jeu.
Or, la fatigue et la gestion de l’effort sont des parts intégrantes du combat. Jouer sur un micro terrain qui nécessite 2 minutes de marche pour retourner au Respawn entraîne souvent un style de jeu orienté Speed Game que je trouve personnellement assez peu motivant : je joue, je tir, je suis out .. hop hop hop promenade, je me ballade, je tir, je sors, tiens Maurice fume une clope, allez hop hop hop je vais lui raconter ma vie 2 minutes, hop hop hop, allez on retourne fragger 10 minutes et après café – McDo – sieste – Youporn.

L’immersion
Le point vu précédemment impact à mon sens directement l’aspect immersif d’une partie. Combien de fois ai-je vu des parties en stand-by car des Teams entières allaient se boire un café-clope ? Vous imaginez vous un match de foot de 90 min ou la défense iraient se boire un petit verre pendant 15 min en pleine première mi-temps ? Euhh … et bien là c’est pareil.
De l’autre côté, les opérationnels eux sont dans la mission du début à la fin. Mêmes les phases de repos durant les missions sont soumis à cette contrainte de risque : tu dors mais tu dois être prêt, tu ne vas pas pisser bêtement n’importe ou n’importe comment, tu restes vigilant H24 et tu restes en mesure de réagir à toute situation à tout moment. C’est très différent pour le coup.
Personnellement, ce que je préfère en airsoft sont les phases d’infiltration, de renseignement et d’exfiltration ou l’attitude est assez similaire aux opérationnels. Le principe reste simple : tout voir sans se faire voir. Les notions de distances ce coup-ci est un peu plus réalistes. Je trouve ça dommage que ce style d’action soit encore assez peu développé en parties.
Et je parle pas des items (pourris) et autres structures (bunker en palettes) qui nous rappellent cruellement à quel point on est en train de jouer à la guerre et cassent littéralement l’ambiance de jeu.
Pour limiter tout cela : des règles de jeu claires et précises, une organisation sérieuse ainsi qu’une motivation et une implication poussée de la part des participants. Mais ça reste plus facile à dire qu’à faire malheureusement. Je préconise également si possible en fonction des parties une seule et unique phase de jeu sans pause. Mais cela reste mon avis personnel et cela dépend vraiment des équipes.
