Les beaux jours sont de retour, vous marchez sur un joli petit sentier en montagne, vers 2000 mètre d’altitude, il est 14 heures, vous avez déjà repris la marche depuis 1h30.
Soudain, l’un de vos deux copain s’effondre, devant vous… Oh c’est balot …

Le mal est déjà fait : il est victime d’une « hyperthermie » ou « coup de chaleur » dû à l’effort et à l’ambiance chaude. Comment ne pas en arriver là ? Autrement dit, comment éviter l’hyperthermie ?
Voyons donc comment continuer à bien fonctionner par temps chaud…
Qu’a-t-on envie de faire lorsqu’il fait très chaud ? Rien n’est-ce pas ? Enfin si, trouver la meilleur place à l’ombre pour y faire la sieste ;).
Le corps humain est bien fait, par forte chaleur il passe en mode « zen attitude » afin de produire le moins de chaleur possible due aux mouvements qui viendraient s’ajouter à la chaleur ambiante.
On essayera donc, dans la mesure du possible, d’économiser tout mouvement.
Évidemment, on évitera les heures les plus chaudes de la journée, soit 14h-16h (12h-14h heure solaire), pas la peine d’en rajouter ;).
Malheureusement il arrive parfois que l’on ait pas le choix, que l’on ait à produire un effort en ambiance chaude. Heureusement pour nous, la nature nous a doté d’un magnifique outil entre les deux oreilles que l’on va pouvoir mettre à profit pour fonctionner sous ces fortes chaleurs.

Pour se faire, commençons par quelques notions de physionomie et de thermodynamique.
La chaleur est transportée dans notre corps via le sang. Le corps lui a besoin d’être constamment aux alentours des 37.5°C. Il joue donc sur l’afflux de sang dans le corps afin de conserver cet équilibre autour de 37.5°C.
Ainsi, lorsqu’on a trop chaud, le corps cherche à relarguer de la chaleur dans l’environnement pour rester à 37.5°C. Il envoie donc beaucoup de sang à la surface de la peau afin que la chaleur qu’il transporte puisse être transférer à l’environnement facilement. On parle de « vasodilatation » (littéralement : dilatation des vaisseaux sanguins). Exemple : quand votre peau devient toute rouge dans un bain bien chaud, c’est parce que le sang est près de la surface de sa peau.
Mais le corps humain est complexe et certaines zones sont plus vascularisées que d’autres ou ont moins cette capacité à dilater/contracter les vaisseaux sanguins.
C’est le cas de la tête, du cou et du tronc. On dit qu’en moyenne, 60% des échanges de chaleur avec l’environnement se font via ces zones : 20% pour la tête, 20% pour le cou, 20% pour le tronc (et 10% pour chaque membres).
Compliquons un peu les choses maintenant. L’environnement nous pompe de la chaleur, transportée par le sang jusqu’à la surface de la peau, de manière non uniforme comme on vient de le voir. Mais comment fait-il ?
Il y a quatre phénomènes physiques qui font que l’on échange de la chaleur avec l’environnement : la conduction, la rayonnement, l’évaporation et la convection. Afin d’y voir plus clair, voici quelques exemples :
Conduction : je pose ma main sur la plaque électrique encore chaude, je me brûle par conduction, il y a transfert de « chaleur » de la plaque vers ma main,
Rayonnement : le soleil nous chauffe par rayonnement, en envoyant ce que l’on appelle des rayons infrarouges. Le feu de camp aussi nous chauffe via ses rayonnements infrarouges,
Évaporation : pour transformer l’eau liquide en vapeur il faut il apporter de l’énergie (autrement dit : pour faire bouillir l’eau des pâtes il faut la mettre sur le gaz). Le corps utilise ce phénomène pour se refroidir, c’est la transpiration (l’eau liquide à la surface de notre peau s’évapore en nous pompant de la « chaleur »),
Convection : le petit vent frais qui passe sous l’arbre sous lequel je viens de m’allonger à l’ombre me refroidit par convection.
Bien. Et si on combinait tout ça maintenant ?
Éviter de se mettre en plein soleil aux heures les plus chaudes, vous voyez pourquoi maintenant ? Et oui, afin de ne pas être exposé aux rayonnements ! Lorsque les arbres ne sont pas légion, il ne faut pas hésiter à tendre un abri pour créer une zone d’ombre, l’idéal étant la couverture de survie avec la face alu vers le ciel qui renverra les rayonnement d’où ils viennent.
Lorsque la pause à l’ombre n’est pas envisageable, on veillera à se couvrir l’intégralité du corps afin de bloquer les rayonnements (et les coups de soleil). Oui mais comment ?
Avec des vêtements et un chapeau à large bords (pour protéger aussi la nuque et les oreilles) de couleur claire, amples et en coton si possible. Le noir absorbe la « chaleur » alors que les couleurs claires vont renvoyer un peu de rayonnement (c’est pour cela que les voitures noires sont un vrai four en été). Le fait qu’ils soient amples permet à l’air de circuler à l’intérieur (et oui, ce n’est ni plus ni moins que de la convection à petite échelle).

Le coton quant à lui est une fibre hydrophile. Il aime l’eau et nous aussi, dans ces conditions.
Plutôt que de transpirer à grosses gouttes et laisser votre corps perdre toute son eau, pourquoi ne pas ré-créer une transpiration artificielle ? En mouillant vos vêtements, ils vont sécher sur vous grâce au phénomène d’évaporation, vous venez de créer la clim du pauvre. Cela peut-être de l’eau croupie, on s’en fiche, elle s’évaporera tout pareil. Mais vous aurez conservé votre précieuse eau.
Mieux encore, on peut ajuster assez finement cette « clim » : en jouant avec les zones d’échange du corps. Il suffit de mettre un linge mouillé autour du coup et/ou sur la tête pour sentir de suite l’effet « kiss cool » (vous vous rappelez ? 20% par la tête, 20% par le cou, etc.).
Et l’eau justement dans tout ça ?
Nous avons vu plus haut que le sang transportant la chaleur dans notre corps alors facilitez-lui la tâche, restez bien hydraté ! Le sang restera fluide et le transfert de chaleur vers l’environnement ne sera pas altéré.
Lorsque l’on est bien hydraté, on a une urine claire et abondante. En effet, le corps peut se permettre de relarguer de l’eau dans les urines puisqu’il en a suffisamment pour réhydrater les cellules.
On boira donc régulièrement en quantité modérées, avant d’avoir soif.
La soif est le signal du corps qu’il est déjà déshydraté à 2% et qu’il fonctionne plus qu’à 90% de ses capacités physiques et mentales. Pourquoi donc se priver de 10 % de ses capacités ?
L’ensemble de nos cellules peuvent absorber jusqu’à 700 mL par heure. Malheureusement, il arrive que nous perdions plus de 700 mL par heure. Et là il n’y a pas d’autre choix que de s’arrêter pour refaire les niveaux…

Lorsque nous transpirons, nous perdons aussi du sel avec l’eau (qui n’a jamais eu de la sueur lui couler dans les yeux, ça pique, non ?). Là encore il faut recharger les batteries. Une alimentation normale permet de combler les pertes de sel sauf en cas d’effort trop intenses/prolongés. En effet, il peut arriver que l’on transpire plus que ce que l’on peut absorber en eau.
Dans ce cas, on va devoir compenser longtemps après l’effort. Il existe des petits sachets de réhydratation (dit « isotoniques ») vendus en pharmacie ou dans les magasins de sport qui aident à refaire le « plein ».
Coup de chaleur
Malgré si tout cela ne fonctionne pas et que la situation dégénère, comme dans le scénario d’introduction, il va falloir mettre tout en œuvre pour refroidir la victime : la mettre à l’ombre, lui mettre un linge humide si la tête, lui donner à boire si elle est capable de boire toute seule, etc.
En d’autres termes, il faut appliquer ce que l’on vient de voir et ce, le plus vite possible ! Voici une petite illustration pour vous aider :

Pensez toutefois à ne pas mettre en danger le reste du groupe : ce n’est pas le bon moment pour avoir une deuxième personne victime d’un coup de chaleur.
Rien de bien sorcier, juste du bon sens. Mais les choses simples sont parfois les plus dures à appliquer !

Solso de Made4tactics
28/04/2015 at 14:28
Super article complet. Merci
StrayCat
07/05/2015 at 18:49
Le petit récap coup de chaleur / fatigue est absolument génial !! Permet de savoir s’il faut appeler le 18, très utile pour un orga.
headdy
19/05/2015 at 21:10
Merci beaucoup pour cet article. Je travail dans la construction d’habitation et je dois dire que l’été est très difficile pour moi. Depuis plusieurs années, j’évite certaine tâche car je dois m’arrêter le midi (symptomes d’épuisements et ça prend plusieurs heures avant d’être bien). J’ai consulté plusieurs docteurs pour me faire dire que certaines personnes réagissent mieux à la chaleur que d’autres.
Claudius AES
04/06/2015 at 15:05
Merci pour ces explications et ces conseils qui nous permettent de ne pas nous mettre en danger en pratiquant notre loisir.
On partage!
Hugues
04/06/2015 at 17:37
Super ! Merci.
skavenger360
11/06/2015 at 14:14
Etant donné que les artères les plus proches de la peau sont les jugulaires et fémorales, ce sont des parties à rafraichir en priorité.
Mon truc : j’ouvre mon tube de camelbak, et je mouille le cou ainsi que la face intérieure de mes cuisses. Ainsi j’arrive à rafraichir partiellement le sang et ainsi tout le reste du corps. A faire de préférence avec de l’ombre et/ou un du vent, c’est encore plus efficace.
Guillaume
11/06/2015 at 15:59
Tout à fait. C’est exactement ce dont je parle en disant que l’on peut créer une clim’ portative…
Guillaume